mercredi 30 avril 2014

" JOUR APRÈS JOUR, SANS FAIRE DE BRUIT...
Les graines de partage prennent racine sur les territoires ! "
JOUR APRÈS JOUR, SANS FAIRE DE BRUIT...
Les graines de partage prennent racine sur les territoires !
“e-Sens verte” - Les Incroyables comestibles : vers 100% d’autonomie alimentaire.
“Planter, arroser, partager”, telle est la devise des Incroyables comestibles. Initié en 2008 dans la petite ville de Todmorten en Angleterre, le mouvement “Incredible Edible” vise à rendre l’alimentation auto-suffisante localement avec des pratiques respectueuses de l’environnement. François Rouillay – co-initiateur des Incroyables comestibles – a développé ce mouvement en France dès 2012. Actuellement, 300 communes sont séduites par cet élan social et solidaire et développent des actions en sa faveur sur leur territoire. Au delà de la lutte contre la faim et la mal bouffe, les Incroyables comestibles portent également des valeurs de partage et de bien-être collectif.
Les Incroyables comestibles avec du bon sens changent les habitudes de consommation alimentaire. Face à la crise économique et sociale, des aliments produits gratuitement et issues d’une dynamique collective ne sont plus une utopie. Ainsi avec un bac, des planches, du terreau et quelque semences, il est possible de faire un jardin près de chez vous en recréant du lien social et en produisant ses propres fruits et légumes. Telle est l’ambition de ce mouvement qui permet de redonner du Sens à la vie collective et solidaire dans les villes urbanisées. Comme le souligne Catherine Simon, responsables des relations publiques internationales "Les incroyables comestibles est un mouvement citoyen autonome et responsable qui prône le bien commun et l’abondance partagée, notamment à travers la co-création joyeuse et solidaire."
De Cergy à Versailles fleurissent des bacs de jardinage collectifs et solidaires
Le concept ? S’impliquer collectivement pour planter et faire pousser des légumes dans l’espace public et laisser les passants les récolter librement.
Des bacs de jardinage sont d’ores et déjà présents à Cergy sur la place du Nautilus, aux pieds de Visages du Monde ou devant la Mairie. Des programmes de sensibilisation à la démarche “Incredible Edible” sont parallèlement organisés, notamment avec des formations gratuites à la permaculture et à l’agriculture urbaine et solidaire.
À Versailles, des bénévoles du Rotaract de Versailles — les jeunes pousses du Rotary — ont initié cette démarche sur l’avenue de Saint-Cloud. Pas moins de 300 bacs à légumes sont programmés à terme dans les différents quartiers de Versailles avec le soutien des différents acteurs de la commune. Le Rotaract Club de Versailles souhaite ainsi créer davantage de liens entre les habitants et permettre au plus grand nombre de manger des produits de qualité.
Nombreuses sont les villes qui intensifient leurs actions à travers la France pour répondre aux enjeux du développement durable et rassembler les habitants autour de valeurs communes.
Vers la transmission du savoir entre les générations
Au-delà d’encourager un accès gratuit à des aliments frais et de saison, ce mouvement se mobilise également pour recréer des liens intergénérationnels. Les personnes âgées peuvent renouer un lien social tout en partageant leurs connaissances avec les jeunes générations. Et les enfants, avec leur énergie, découvrent des valeurs utiles à leur évolution, notamment grâce au jardinage. "En Alsace, une maison de retraite a été agrandie dans ce sens. Il s’agit de maintenir une étincelle dans les yeux de nos anciens grâce à ce type d’initiative qui facilite les liens entre les générations", témoigne Catherine Simon.
2018, l’année de l’autonomie alimentaire ?
Les fondateurs visent que 2018 soit l’année de l’autonomie alimentaire. En choisissant de réintroduire les notions de solidarité et d’entraide, le champ des possibles est large pour engager des initiatives en matière d’alimentation de proximité. "Chacun peut se revendiquer Incroyables comestibles dans la mesure où il se nourrit et souhaite créer des relations pacifiques et respectueuses grâce à la promotion des circuits courts. If you eat, you’re in”/ Si tu manges, c’est que t’en es !", conclut Catherine Simon.
Si vous souhaitez en savoir davantage et découvrir concrètement ce mouvement, les Incroyables comestibles vous donnent rendez-vous le 11 mai pour la Brocante verte, place des Linandes à Cergy.
Voir le film Incredible Edible Todmorden (VO/ST) :
https://www.youtube.com/watch?v=KGwrcVWI6bw
http://www.effloresens.fr/article/les-incroyables-comestibles-vers-100-dautonomie-alimentaire

vendredi 25 avril 2014

« Incroyables Comestibles »


Des légumes gratuits et en libre service dans le Gard
Courgettes, tomates et salades poussent depuis quelques temps dans les rues de Saint-Jean-de-Valériscle. Des habitants de cette petite commune du Gard, nichée au coeur des Cévennes, ont en effet installés plusieurs bacs de légumes sur la voie publique. Des jardiniers volontaires chouchoutent quotidiennement ces potagers. Et une fois arrivés à maturité, chacun peut en récolter la production.
http://www.leparisien.fr/images/2012/07/03/2075871_maison2.jpg
Qu'on soit riche ou pauvre, riverain ou touriste de passage.

« Incroyables Comestibles » est une pratique solidaire, née en 2008, en Angleterre. Cette action citoyenne se base sur la solidarité des habitants et la générosité de la nature. Un concept participatif et écologique, qui a déjà converti une douzaine de communes anglaises.

En France, l'idée commence à séduire. Et c'est dans l'esprit d'Eric qu'elle a germée à Saint-Jean-de-Valériscle. Ce professeur de physique-chimie espère désormais propager ce « virus citoyen » qui ne demande finalement, qu'un peu de temps. Pour fabriquer les bacs à légumes Eric n'a en effet rien dépensé : leur construction s'est faite grâce à des chutes de bois.

Les bacs attendent désormais leurs cueilleurs : « Les gens n'osent pas trop, cela va sans doute trop, pour l'instant, à contre-courant de notre société » avance Eric. D'où les panneaux, pour rassurer et tenter les passants : « Servez-vous c'est gratuit ! »

jeudi 24 avril 2014

Climat : comment sortir de l’indifférence ? par Pascal CANFIN

Pascal Canfin (crédit photo: Joëlle Dolle)
Les scientifiques du climat continueront-ils à prêcher dans le désert ? Le 3ème volet de leur 5ème rapport est sorti la semaine dernière, et… rien ou presque à part un accueil poli qui masque mal une triste indifférence. Les rapports se suivent et deviennent de plus en plus alarmistes. La probabilité de rester sous la barre fatidique des 2 degrés d’augmentation de la température moyenne par rapport aux années pré-industrielles s’amenuise année après année. Et les impacts se précisent sur les territoires : dérèglement des moussons en Chine, montée des eaux réévaluée qui menace une part croissance de nos mégapoles littorales, sécheresse accrue dans les zones déjà sous tension comme le Sahel, etc. Et pourtant rien ne change ou presque.
J’ai vécu comme ministre en charge de la préparation de la Conférence de Paris de décembre 2015, qui sera sans doute la dernière chance de rester sous les deux degrés, toute la schizophrénie de la pensée dominante de l’immense majorité des décideurs. Plus personne ne nie la réalité du changement climatique. La Banque mondiale, qui s’est mise à prendre l’ampleur du problème sur le tard, parle maintenant de « cataclysme » à propos d’une augmentation de 4 degrés des températures. Mais aucun des décideurs que j’ai cotoyé n’est prêt à revoir son logiciel pour l’adapter à la nouvelle donne climatique. Alors que faire ? Je propose une stratégie qui repose sur quatre piliers.
Tout d’abord continuer inlassablement à alerter et à faire prendre conscience des dangers sur la base des analyses des scientifiques. Le recul des traits de côte sur le littoral atlantique en France par exemple est une image forte qui parle à tous et que nous devrions davantage mettre en avant.
Ensuite offrir des solutions alternatives en développant une écologie des solutions. C’est vrai au niveau local en permettant aux familles populaires de réduire leur consommation et donc leur facture d’énergie grâce aux « tiers investisseurs » développés par les élus écologistes dans les régions. Mais aussi au niveau international en construisant des alternatives financièrement accessibles au développement du charbon et du fuel dans les pays du Sud ou dans les pays de l’ancienne Europe de l’Est. La jonction qui est en train de se faire entre la révolution de l’économie numérique et l’économie verte ouvre des perspectives nouvelles de solutions concrètes que l’écologie doit à mes yeux porter et incarner.
Dénoncer les faux semblants et les hypocrisies de tous ceux qui, en France comme en Europe, font des grands discours sur le climat mais bloquent un objectif contraignant sur les renouvelables en Europe, empêchent l’adoption de normes plus strictes sur les émissions des voitures au détriment du climat comme du pouvoir d’achat des ménages ou encore refusent d’instaurer une taxe carbone aux frontières de l’Union pour mettre fin au dumping environnemental.
Enfin, gagner la bataille culturelle. Il s’agit de montrer qu’au-delà de notre responsabilité morale vis à vis du reste de l’humanité, présente et à venir, combattre le dérèglement climatique c’est aussi notre intérêt direct car plus nous attendons plus cela nous coûtera cher, et qu’il y a un potentiel immense d’emplois à créer en remplaçant de l’énergie par du travail humain (par exemple en remplaçant le gaz que nous importons par du travail d’artisans qui isolent nos bâtiments).
Voilà, à mes yeux, la responsabilité qui est la nôtre. Elle est immense mais elle découle tout simplement de ce que nous disent depuis des années les scientifiques du climat. Et pour commencer, je suggère à chacun de nos élus de faire une copie du « résumé pour décideurs » du dernier rapport et de le remettre en main propre à tous les « décideurs » qui l’entourent ! On ne sait jamais…
Pascal Canfin

mercredi 23 avril 2014

BASTA !
Écologie

Pierre Rabhi : « Si nous nous accrochons à notre modèle de société, c’est le dépôt de bilan planétaire »

par Agnès Rousseaux, Ivan du Roy -
Et si, après une stressante campagne électorale, on respirait un peu ? Quelle société voulons-nous aujourd’hui construire ? « La croissance est un problème, pas une solution », affirme Pierre Rabhi, paysan-philosophe. Face à la disparition des questions écologiques dans le débat politique, et à la frénésie marchande qui nous a pris en otages, il invite à repenser la vie sur un mode à la fois « sobre et puissant ». Et à inventer, pour éviter des explosions sociales et un chaos généralisé, un autre modèle de civilisation. Entretien.
Basta ! : Vous défendez une société de la sobriété. Les crises actuelles et l’austérité qui menace vont-elles permettre de remettre en question le système économique dans lequel nous vivons ?
Pierre Rabhi [1] : Je ne me réjouis pas de cette situation, mais je me dis finalement que l’être humain a besoin d’entrer dans des impasses pour mieux comprendre. Les impasses peuvent soit finir sur un chaos généralisé, soit permettre d’initier autre chose. Le chaos est tout à fait possible : une sorte de cocotte-minute d’incertitudes et d’inquiétudes est en train de miner les âmes et les consciences. Qu’une seule ville explose et toute la France explose. Le problème aujourd’hui n’est pas de se réjouir de cela, mais de voir ce qu’on peut tirer de cette évolution. Notre modèle de société montre son inadéquation, son incapacité à continuer. Si nous nous y accrochons, ce sera le dépôt de bilan planétaire. Tous les pays émergents veulent vivre à la moderne. Où va-t-on puiser les ressources ? C’est totalement irréaliste. Il y a aujourd’hui à repenser la vie sur un mode qui soit à la fois sobre et puissant. Je crois beaucoup à la puissance de la sobriété. Je ne crois pas à la puissance des comptes en banque. La vraie puissance est dans la capacité d’une communauté humaine à se contenter de peu mais à produire de la joie. Notre société déborde de tout, mais nous sommes un des pays les plus consommateurs d’anxiolytiques, pour réparer les dégâts que produit la « société de la matière » ! Nous sommes une espèce de planète psychiatrique. Combien de souffrances produisons-nous ?
Pendant la campagne électorale, l’écologie a quasiment disparu du débat politique. Qu’en pensez-vous ?
C’est parce que les citoyens ne sont pas véritablement conscients de l’enjeu de l’écologie que nous sommes obligés d’avoir une écologie politique pour lui donner une place au forceps. Dans la réalité, l’écologie concerne absolument tout le monde. Je suis évidemment reconnaissant envers ceux qui essayent de placer l’écologie dans le débat politique. Mais c’est une anomalie. Car l’écologie est une affaire de tous. C’est ce qui détermine l’existence de tout individu, du phénomène de la vie. Nous sommes donc tous concernés.
Selon vous, le progrès technologique nous asservirait ?
La civilisation moderne est la civilisation la plus fragile de toute l’histoire de l’humanité. Plus d’électricité, de pétrole, de télécommunications et la civilisation s’écroule. Elle ne tient sur rien du tout. Le progrès ne libère pas. Plusieurs avancées ont apporté un certain bien-être. Mais ce bien-être n’est pas forcément partagé. Il faut que l’humanité se pose la question : le progrès, pour quoi faire ? Et avant : qu’est-ce que vivre ? S’il s’agit juste de consommer, je n’appelle pas ça la vie, cela n’a aucun intérêt. Nous sommes devenus des brigades de pousseurs de Caddie. Cela me terrifie. Nous sommes revenus au néolithique : nous sommes des cueilleurs, nous passons dans les rayons et nous cueillons. Tout cela n’est pas bon. On a évoqué la décroissance, qui est considérée comme une infamie dans le monde d’aujourd’hui : remettre en cause la croissance ! Au Moyen Âge, j’aurai été brûlé vif.
Peut-on se passer de l’industrie et du progrès technologique sur une planète qui comptera bientôt 9 milliards d’êtres humains ?
Le progrès technologique ne rétablit pas de l’équité dans le monde, au contraire. Une minorité en bénéficie. Ce ne sont pas les pays en voie de développement qui consomment le plus de voitures ou de frigos. C’est un leurre de dire que la planète ne pourra pas suffire, parce que nous serons plus nombreux. C’est une injustice totale : sur 7 milliards d’humains aujourd’hui, la moitié n’a pas accès à la nourriture pendant que les autres se bâfrent et gaspillent à outrance. Un cinquième de l’humanité consomme les 4/5es des ressources produites. Ce serait très pernicieux d’invoquer la démographie pour dire qu’on ne va pas s’en sortir. Non ! Plusieurs milliards d’humains ne s’en sortent déjà pas. Ce ne sont pas les pauvres qui épuisent les ressources. La démographie n’est pas en cause. Je sens cet argument s’insinuer de façon très vicieuse.
Pourquoi, après avoir été ouvrier, avez-vous choisi de devenir paysan ?
J’ai accompli mon retour à la terre, ici en Ardèche, en 1961, parce que je considère que notre système n’a pas d’intérêt. Je n’ai pas envie d’être né pour produire, pour consommer et mourir. C’est une destinée un peu limitée ! Je suis né pour vivre, je suis né pour admirer. Si on doit toute sa vie besogner pour que les poubelles débordent de déchets, cela n’a aucun sens. Il n’y a pas si longtemps, en mai 68, les jeunes défilaient dans les rues pour protester contre la société de consommation. C’était l’excès. Leur intuition était forte : nous ne sommes pas des consommateurs. Les gagneurs d’argent, la frénésie marchande nous ont pris en otages pour faire de nous des gens qui doivent absolument consommer pour faire monter le produit national brut. C’est complètement stupide. Les jeunes disaient : on ne tombe pas amoureux d’un produit national brut ! Ils lançaient des slogans très importants, qui étaient un appel à la vie. Nous ne vivons pas : nous sommes conditionnés, endoctrinés, manipulés, pour n’être que des serviteurs d’un système. Ils ressentaient ce besoin de sursaut de la vie. Depuis, je ne vois plus les jeunes défiler dans la rue pour dire qu’ils ont trop. Nous sommes au contraire entrés dans la phase du manque. Les certitudes d’une idéologie triomphante, c’est terminé ! Aujourd’hui, les jeunes ne savent pas quelle place ils auront et s’ils auront une place dans l’avenir. Ce système-là peut-il encore perdurer ? Non. Il ne faut donc pas s’illusionner et se raconter des histoires : notre système arrive à ses limites. Il faut maintenant que l’imagination se mette en route, pour en créer un autre.
D’où peut venir le changement ? D’abord de chaque individu ou de transformations portées collectivement ?
Vous pouvez manger bio, recycler votre eau, vous chauffer à l’énergie solaire, tout en exploitant votre prochain, ce n’est pas incompatible ! Le changement radical de la société passe par une vision différente de la vie. L’humain et la nature doivent être au cœur de nos préoccupations. Le rôle de l’éducation est souverain : et si on éduquait les enfants au contentement et non à l’avidité permanente ? Une avidité stimulée par la publicité, qui affirme qu’il nous manque toujours quelque chose. Cette civilisation du besoin chronique et permanent, sans cesse ressassé, installe dans les esprits la sensation de manque. Le phénomène de la vie, ce qui fait que nous existons, devrait avoir une place dans l’éducation des enfants. Or nous n’avons que des structures éducatives qui occultent complètement les fondements de la vie pour, le plus vite possible, fabriquer un petit consommateur et un petit producteur pour le futur. Cela en fait un petit ignorant qui s’occupera bien davantage de savoir comment il va avoir un bon boulot malgré la compétitivité.
L’exigence fondamentale, c’est que tout le monde puisse manger, se vêtir, se soigner. Voilà ce qu’une civilisation digne de ce nom devrait pouvoir fournir à tout le monde. Aucun bonheur n’est possible sans la satisfaction des besoins vitaux. Notre civilisation a la prétention de nous libérer alors qu’elle est la civilisation la plus carcérale de l’histoire de l’humanité. De la maternelle à l’Université, nous sommes enfermés, ensuite tout le monde travaille dans des boîtes. Même pour s’amuser on va en boîte, assis dans sa caisse. Enfin, on a la boîte à vieux quand on n’en peut plus, qu’on est usé, avant de nous mettre dans une dernière boîte, la boîte définitive.
Comment convaincre ceux qui profitent le plus de la société de consommation et d’accumulation ?
Qui enrichit ces gens-là ? C’est nous. Ils s’enrichissent parce que des gens insatiables achètent de plus en plus, parce que toute une communauté humaine leur donne les pleins pouvoirs. Ils n’existent que parce que nous les faisons exister. Je ne roule pas en char à bœufs mais en voiture, je pollue malgré moi, j’ai le confort moderne. Ce qui fausse tout, c’est que cela devient prétexte à un enrichissement infini. Ce serait différent si les objets fabriqués par le génie du monde moderne avaient vocation à améliorer la condition humaine. Nous donnons très peu de place à ce qui est indispensable, à ce qui amène véritablement la joie. Et nous ne mettons aucune limite au superflu.
Cela signifie donc s’attaquer aux puissances de l’argent ?
L’argent est noble quand il permet l’échange. C’est plus facile d’avoir quelques billets dans sa poche que de transporter deux kilos de pommes de terre. L’argent n’est pas à récuser dès lors qu’il participe au mécanisme de régulation du bien-être entre tous. Mais quand il régule seulement la richesse, non. Toutes les choses vitales, les biens communs – eau, air, terre, semences – devraient être soustraites à la spéculation. Ceux qui ont de l’argent commettent un hold-up légalisé sur le bien de tous. Un vol illicite mais normalisé par la règle du jeu. L’argent rend l’humanité complètement folle et démente. Aujourd’hui, on achète le bien des générations futures. Je possède de la terre, mais je suis prêt à dire que ce n’est pas la mienne. Je l’ai soignée pour qu’elle soit transmise à mes enfants ou à d’autres gens.
Comment soustraire les biens communs à ceux qui spéculent ?
Admettons qu’on aille jusqu’à la logique extrême : un jour, un petit groupe d’humains hyperriches va posséder la planète. Aux enfants qui arriveront, on leur dira qu’ils sont locataires. Qu’ils doivent payer leur droit d’exister. C’est stupide. C’est navrant. C’est d’une laideur infinie. Parce que j’ai de l’argent, j’ai le droit sur tout… C’est là que le politique devrait réguler. Mais, pour l’instant, les responsables politiques sont là pour maintenir en vie cette inégalité criante. Ils font de l’acharnement thérapeutique sur un modèle moribond. On peut le mettre sous perfusion tant qu’on voudra... on sait très bien qu’il est fini. Le drame serait que tout cela finisse dans le chaos, si on ne met pas en place une nouvelle orientation de la vie.
Il faut changer les règles du jeu démocratique, dites-vous… Pour aller vers quoi ?
On ne peut pas changer un monstre pareil du jour au lendemain. Ce que je regrette, c’est qu’on ne se mette pas sur la voie du changement. Ce modèle a été généré par l’Europe. La première victime de ce nouveau paradigme, cette nouvelle idéologie, c’est l’Europe elle-même. L’Europe était une mosaïque extraordinaire. Tout a été nivelé, standardisé. Et on a exporté ce modèle partout ailleurs, en mettant un coup de peinture « démocratie » là-dessus. Aujourd’hui ce modèle se délite, il n’a aucun moyen d’être réparé. Il faut aller vers autre chose. Ce que propose la société civile : elle est le laboratoire dans lequel est en train de s’élaborer le futur. Partout des gens essayent de faire autrement. Un État intelligent devrait encourager ça. Sinon, cela se fera sous la forme d’explosion sociale. Une grande frange des citoyens sont secourus par les dispositifs de l’État. Cela ne durera pas. Le jour où la société ne pourra plus produire de richesses, où prendra-t-on ce qu’il faut pour soutenir ceux qui sont relégués ? Nous sommes dans un système « pompier-pyromane » : il produit les dégâts et prétend en plus les corriger. On met des rustines au lieu de changer de système : ce n’est pas une posture politique intelligente.
Recueilli par Ivan du Roy et Agnès Rousseaux
Vidéo : Agnès Rousseaux
Photo : Ivan du Roy

Notes

[1Pierre Rabhi vit en Ardèche, où il a été paysan. Il a crée en 2007 le Mouvement pour la Terre et l’Humanisme appelé ensuite mouvement Colibris. Il est aussi l’inventeur du concept « Oasis en tous lieux » et a lancé en 2012 la campagne Tous Candidats
TAFTA, Grand marché de dupes pour les Européens
Du TAFTA, Du TTIP, de l’APT … Est-ce que la majorité des Français sait de quoi il s’agit ? Malheureusement NON. Alors qu’il s’agit d’un des sujets les plus important de notre époque et qui, s’il est conduit à terme, aura une empreinte écologique désastreuse avec l’impact correspondant qui en découlera sur notre vie quotidienne. Le grand marché transatlantique, c’est tout simplement le début de l’unification politique et économique des États-Unis et de l’Union Européenne sur fond d’ultra libéralisme. Même si le sujet commence à être évoqué, c’est à croire que les grands médias n’ont plus la possibilité d’éclairer les gens sur ce genre de sujets de manière critique et suffisamment détachée de toute influence financière ou politique.
Négocié depuis le mois de juillet 2013, il faut rappeler que TAFTA, accord commercial trans-atlantique ou Trans-Atlantic Free Trade Agreement (aussi connu sous le nom de TTIP, Transatlantic Trade and Investment Partnership ou Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement) est un Accord de Partenariat Transatlantique (APT) qui prévoit que les législations en vigueur des deux côtés de l’Atlantique se plient aux normes du libre-échange établies par et pour les grandes entreprises européennes et américaines, sous peine de sanctions commerciales pour le pays contrevenant, ou d’une réparation de plusieurs millions d’euros au bénéfice des plaignants. Ce projet d’accord commercial, entre l’Union européenne et les Etats-Unis, concerne des domaines aussi variés que l’accès aux médicaments, la sécurité alimentaire, l’agriculture ou le règlement des différents privés – publics. Les négociations qui se déroulent dans l’opacité, sous mandat de la commission Européenne, auxquelles le parlement Européen actuel ne s’est pas opposé, sont conduites par un petit groupe de fonctionnaires non élus et sont censées durer au moins jusqu’à fin 2014. Déni de démocratie au nom de la liberté des échanges …

Venezuela : Plus de 64 % de la richesse nationale a été redistribuée au peuple

Portrait de Renaud Schira
Date: 
20/04/2014

Le président vénézuélien, Nicolás
External Links icon
, a mis l’accent sur le fait que les plans de la droite nationale et internationale n’ont pas pu, et ne pourront pas freiner l’
External Links icon
du gouvernement pour la
External Links icon
du niveau de vie de la population, qui jouit actuellement d’une juste distribution des richesses.

Nicolás Maduro a mis l’accent sur le progrès du modèle
External Links icon
socialiste, pensé pour « dignifier » le peuple vénézuélien. Nicolás Maduro, a affirmé qu’en dépit de la
External Links icon
économique et des plans de la droite pour déstabiliser le pays, la distribution des richesses en faveur du peuple n’a pas été paralysée.

Nicolás Maduro a signalé qu’en 2012, le commandant Hugo Chávez a eu la satisfaction de distribuer équitablement 62 % de la richesse pétrolière, industrielle et agricole du pays :
« Et bien que l’on pensait que cela finirait par diminuer avec la
External Links icon
économique, en 2013, nous avons grimpés jusqu’à 64,1 % dans cette distribution de la richesse nationale », a déclaré Nicolás Maduro.

Par ailleurs, il a fait référence à la croissance des revenus du pays depuis l’arrivée, en 1999, du leader bolivarien qui a implanté un nouveau modèle socio-économique :
« De 1999 à nos jours, le pays a récolté 972,565 milliards de dollars, et s’il n’y avait pas eu de vie ni de
External Links icon
au Venezuela, cet argent aurait fini tout droit dans les griffes de l’
External Links icon
 », souligne le président vénézuélien.

Nicolás Maduro a également présenté à la nation sud-américaine les chiffres de l’investissement social qui a porté ses fruits dans l’éducation, l’alimentation, l’agriculture et la production :
« On a investi 623,508 milliards de dollars (64,1 % du revenu du pays), et cette année, on voit que la
External Links icon
et l’effort de Chávez ont valu la peine », a-t-il réaffirmé. Il a également insisté sur le fait qu’avec de nouveaux projets économiques, la nation poursuivra sa
External Links icon
économique : « Nous travaillons pour le peuple vénézuélien, qui mérite les richesses du pays », soutient Nicolás Maduro. Il a par ailleurs indiqué que la croissance du revenu des familles et du salaire par famille dans le pays a constamment augmenté par rapport au panier moyen de dépenses.

Source: 
Reseauinternational.net

 

Laisser dormir un touriste chez vous? L'amende sera salée

 Scandaleux tout ce qui crée de la solidarité est pourchassé. Des lois passée par des gens qui ce payent des 4 étoiles mais quelle horreur. Arrêtons de ce laisser détruire par ces fous ? C’est une atteinte à la Liberté individuel RÉVEILLONS NOUS VITE, RÉVEILLER VOUS VITE.


Date: 
18/04/2014
Le gouvernement flamand a décidé de rechercher activement toute personne proposant une chambre aux touristes via des sites du type couchsurfing.org et airbnb.be. Une fois repérés, ils recevront un courrier leur spécifiant leurs obligations et risquent bien de devoir payer une amende de 250 euros, selon le journal Gazet Van Antwerpen.
Les sites comme Couchsurfing ou Airbnb, qui permettent de façon gratuite ou pas d'offrir une chambre à un visiteur, connaissent une forte croissance ces dernières années, de quoi déranger le secteur hôtelier et les pouvoirs publics.
Proposer sa maison à des touristes, même pour une somme modique, est en effet considéré comme une infraction. Selon Geert Martin du département Internationaal Vlaanderen, organisme chargé de l'octroi des licences et de l'inspection de l'hébergement touristique en Flandre, toute personne qui reçoit des touristes et communique publiquement à ce sujet est tenu de s'inscrire au service attribuant les permis touristiques.
Sans oublier d'autres exigences supplémentaires concernant par exemple la sécurité contre les incendies: les évacuations doivent être spécifiquement signalées, un extincteur doit être accessible. Autant d'obligations qui ont un coût.
"Ceux qui ne sont pas inscrits dans nos registres recevront une lettre de mise en demeure", ajoute Geert Martin. "Les gens ont alors le temps d'apporter les changements spécifiés en termes de sécurité et d'hygiène. S'ils ne répondent pas, les choses iront plus loin et ils risquent une amende administrative. Bien entendu, cela ne concerne pas les personnes qui accueillent chez eux un ami étranger en visite".
Le ministre flamand du tourisme, Geert Bourgeois, a cependant tenu à différencier ce dossier de l'affaire Uber qui secoue Bruxelles en ce moment: "Pour la location commerciale de deux chambres maximum, une notification suffit. Il n'est pas nécessaire d'obtenir une autorisation", souligne-t-il.
Un agrément à Bruxelles
En Région bruxelloise, le parlement régional doit voter la semaine prochaine une ordonnance, déjà approuvée unanimement en commission, qui clarifie la réglementation du secteur hôtelier, des appart'hôtels et des chambres d'hôtes. Le texte introduit une obligation d'agrément pour ces dernières, y compris les chambres offerts sur Airbnb, auprès du ministère régional de l'Economie.
Jusqu'à présent, avant que cette compétence ne soit contestée par la Cour constitutionnelle, c'était la Cocof, qui gérait les chambres d'hôtes. Une procédure d'agrément sur base volontaire était prévue. Elle rencontrait un certain succès, car elle donnait accès à certaines subventions. L'agrément sera bientôt régional, et obligatoire pour toutes les offres payantes.
Sur le plan fiscal, outre l'impôt fédéral sur le revenu, certaines chambres d'hôtes doivent s'acquitter d'un impôt communal dans un nombre limité de communes. Il est prévu toutefois que cette taxation locale soit régionalisée dans les prochaines années. Au cabinet du secrétaire d'Etat bruxellois au logement, Christos Doulkeridis (Ecolo), on estime que les petites locations devraient être complètement exonérées.

mardi 22 avril 2014


En Bourgogne, les hélicoptères à pesticides sont de retour

En Bourgogne, les hélicoptères à pesticides sont de retour

Bénédicte Martin (Reporterre)
mardi 22 avril 2014
Malgré son interdiction depuis 2009, l’épandage aérien de pesticides continue, provoquant la colère des riverains et des associations de protection de la nature. A Mâcon, la coopérative agricole vient de déposer sa demande à la préfecture. Enquête au pays des vins de Bourgogne.

Entouré d’un vignoble de cinq mille hectares et fort d’une production de quarante-neuf millions de bouteilles par an, Mâcon est bien connu des vinophiles qui viennent de loin pour la plus ancienne Foire nationale des vins, en France. Au sud de la Bourgogne, son paysage offre un entrelacement de villages et de vignes ondulant au gré des monts couronnés de masses pierreuses. On y cultive les cépages de chardonnay pour les blancs et de gamay pour les rouges.
Le 24 mars, la Coopérative agricole du Mâconnais Beaujolais (CAMB) a déposé à la préfecture de Saône et Loire une demande de dérogation d’épandages aériens de produits phytosanitaires pour lutter contre le mildiou, l’oïdium et le black-rot, maladies communes de la vigne, pour une période temporaire de quatre mois entre le 22 avril et le 4 août 2014.
Cette dérogation porte sur des parcelles situées sur six communes : Davayé, Fuissé, La Chapelle-de-Guinchay, Pruzilly, Saint-Véran, Solutré-Pouilly et Vergisson. La société Giragri doit effectuer l’épandage par hélicoptère.

- La Roche de Solutré -
« Si on doit épandre des pesticides dès qu’il y a du mildiou dans les vignes, on n’a pas fini d’en voir ! »
« L’année dernière il y avait eu des dérogations pour traiter la flavescence dorée. On avait été prévenu trop tard et on n’avait pas pu s’organiser. Cette année, ce qui m’inquiète, c’est que l’arrêté concerne un ensemble de maladies assez banales comme le mildiou », dit Lucienne Haese, présidente de l’association Autun Morvan Ecologie. « Si on doit épandre des pesticides quand il y a du mildiou on n’a pas fini d’en voir ! ».
« L’an dernier, ce sont les associations qui ont prévenu les écoles des épandages aériens, afin qu’elles gardent les enfants à l’intérieur » renchérit Thierry Grosjean, président de la CAPEN 71, qui fédère les associations de protection de l’environnement de la région.
A Mâcon, la demande de dérogation pour traitement par voie aérienne est instruite par le Préfet du département de la Saône-et-Loire. Avant de prendre sa décision, celui-ci convoque le Comité départemental d’évaluation des risques sanitaires et technologiques (Coderst). Réunissant les services de l’Etat, les associations, les services vétérinaires, et la coopérative agricole qui fait la demande (CAMB), cette commission donne son avis sur le projet tout en sachant qu’il n’a pas de valeur décisionnaire.
Lucienne Haese représentait les associations de protection de la nature au Coderst. En sortant de la réunion le 17 avril à midi, elle raconte : « C’était bien d’être là. Même si n’on a pas eu le droit de voter, on a pu faire des observations qui seront rapportées au préfet. UFC que choisir et les services vétérinaires étaient contre la demande, comme nous, et ils ont rappelé que l’épandage aérien était très dangereux pour la santé. Ces dérogations remettent en cause la loi européenne. Avant, c’était des dérogations pour des insectes précis et maintenant c’est pour toutes les maladies ».
L’épandage aérien est en fait interdit depuis 2009 et l’adoption du « paquet pesticides », règlement européen qui encadre l’usage de ces produits dans les pays de la communauté. En France, il a fallu attendre juillet 2011 pour que cette directive sur l’utilisation durable des produits phytosanitaires soit transposée en droit français.
De plus, d’ici à 2018, le plan Ecophyto, né du Grenelle de l’Environnement, vise une réduction de moitié de l’usage des pesticides en France. Selon le ministère de l’Agriculture, les épandages aériens ont baissé de 25 % entre 2012 et 2013, mais en réalité les demandes de dérogations continuent d’arriver à jet continu dans les préfectures.
Comment faire respecter la loi, quand l’Etat lui-même octroie les dérogations ? Selon France nature environnement (FNE), l’arrêté du 23 décembre 2013 du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll qui devait modifier le système d’autorisation des épandages aériens, n’a rien changé et n’a pas pris en compte la consultation publique.
La consultation publique, un outil de démocratie mal connu
François Veillerette, porte-parole de l’association de lutte contre les pesticides, Générations futures, témoigne : « Depuis 2010, nous recevons énormément de plaintes de gens vivant à la campagne qui voient toujours des pulvérisations aériennes près des villages. »
Sous la pression de la société civile, depuis le 5 août 2013, l’article L120-1-1 oblige le préfet à organiser une consultation publique relative aux demandes d’autorisations préfectorales.
Ainsi, entre le 2 et le 17 avril 2014, sur le site internet de la préfecture de Saône et Loire, la consultation sur la demande d’épandage aérien sur certaines parcelles de vigne a recueilli des commentaires.
Selon Lucienne Haese, « il y a eu seize commentaires : quinze contre et un pour. Je suis sûre que cela peut influencer le Préfet. »
Encore faut-il être au courant. Dans les villages concernés par les épandages, le 15 avril, plusieurs maires découvraient la nouvelle. Reporterre l’a ainsi appris à Roland Vaisse, maire de St Vérand : « Je n’avais pas été prévenu, je ne suis pas au courant et je ne suis pas le seul ». A Vergisson, le maire Roger Lassarat « ne se souvient pas d’avoir lu quelque chose à ce sujet ». Il va demander à sa secrétaire. Vérification faite, un courrier vient d’arriver, deux jours avant la fin de la consultation.
Cependant, M. Lassarat juge que « le risque est minime, car les parcelles sont petites et situées en dehors du bourg. L’hélicoptère n’est pas plus nuisible qu’un autre appareil ».
C’est aussi ce qu’affirme Julien Giroux, attaché commercial de la coopérative agricole (CAMB) qui a déposé la demande : « On stigmatise l’hélicoptère mais c’est un moyen qui permet d’utiliser moins de produit sur les cultures. On le fait depuis trente ans et c’est sur une toute petite partie de la terre agricole de cette région. La superficie totale concernée n’est que de 9,72 hectares. Que l’on prenne l’hélicoptère ou pas, on va traiter la vigne de toute façon. On utilise ce mode quand il n’y a pas d’accessibilité terrestre et il y a une pénibilité énorme d’y aller avec un bidon à dos. C’est dangereux pour la personne qui applique le produit. »
Pour répondre aux accusations, l’année dernière la coopérative agricole a invité les décideurs au niveau administratifs (DDT, Préfet, Coderst) des régions de la Saône et Loire et du Rhône, à assister à un épandage aérien avec hélicoptère : « Tous sont repartis en disant : on ne pensait pas que c’était ça. Les gens s’imaginent qu’il est à vingt mètres du sol, en fait il vole à moins d’un mètre au-dessus des plantes. »
Les épandages aériens sont dangereux pour la santé des riverains
Malgré ces efforts louables, le service vétérinaire du Coderst est formel : « Quand ils disent que l’hélicoptère rase la vigne et qu’il n’y a pas de risques de contamination des parcelles riveraines, ça ne tient pas. On a retrouvé des traces de pesticides d’épandages traditionnels à des kilomètres des zones traitées ». Car même un vent faible emporte une grande quantité de produit aux alentours des zones traitées.

Sur la carte de la topographie des zones d’épandages, mise à la disposition du public, sur la commune de Solutré Pouilly, une des parcelles (en orange sur la carte) est à moins de 100 mètres du site des Roches de Solutré, classé Natura 2000 (en rouge sur la carte). Une autre touche la zone du parc des Roches de Vergisson. Des autres parcelles jouxtent le cours d’eau La Denante.
« Les roches de Solutré sont un lieu de promenade très prisé. Est-ce qu’ils vont interdire les balades sur ce site pendant les 72 heures avant et puis le temps de l’épandage et encore 48 heures après ? Pourquoi n’utilisent-ils pas des produits moins dangereux ? » a demandé Lucienne Haese à la CAMB lors du comité Coderst. Personne n’a répondu.
Des solutions alternatives existent
A Saint-Vérand, non loin de là, Nicolas Rousset travaille les vignes selon les méthodes de la biodynamie, une forme d’agriculture Biologique, en suivant les rythmes du calendrier lunaire. Il raconte : « Je vois les hélicoptères épandre des produits chaque année. Sur nos vignes, nous utilisons uniquement des produits de contact qui ne polluent pas mais qui ont le désavantage d’être facilement lavés par la pluie. Les produits phytosanitaires qu’ils utilisent ont une rémanence de quatorze jours, donc ils n’ont pas à refaire le traitement si souvent. En 2012 l’année a été très pluvieuse avec une recrudescence de maladies et du coup en 2013, il y a une grosse pression des viticulteurs pour refaire des traitements intensifs ».

Pour Jean-Claude Bévillard, chargé des questions agricoles à la FNE, « Il faut que le ministre de l’Agriculture se décide à promouvoir les pratiques alternatives aux épandages aériens - rotation des cultures, observation des parcelles, épandage par voie terrestre - et tienne tête aux marchands de chimie. »
Pour Pierre-Michel Perinaud, médecin qui travaille sur l’impact des pesticides sur la santé, le lobby des industries de produits phytosanitaires est bien réel : « Les coopératives agricoles sont infiltrées par les industries de produits phytos. En Limousin, les coopératives vendent les produits et en plus ce sont elles qui décident s’il faut traiter ou pas. Ce n’est pas l’agriculteur qui va dans son champ et décide s’il a besoin d’un traitement. Les coopératives agricoles se basent sur leurs études pour organiser les traitements, en interne. »
Julien Giroux, de la CAMP, confirme son rôle de pourvoyeur d’études : « On répond à la demande des viticulteurs. On est équipé d’un logiciel informatique qui prévoit la météo avec un système de modélisation qui va nous donner les données agronomiques liées aux maladies et qui nous indique si il faut traiter ou pas ». Ce système a été mis au point par un centre de recherche privé.
Dans le dossier de demande de dérogation déposée par la CAMP, les produits proposés à l’épandage sur les vignes du Mâconnais sont nommés : Mandipropamide, Métrafénone, Tébuconazole, Trifloxystrobine, Sulfate de Cuivre, Folpel Quinoxyfène, Soufre Mouillable, Fosétyl Al, Cymoxanil.
Si l’on se réfère à l’article de Johan Spinosi (Institut de veille sanitaire, laboratoire Umrestte, revue santé au travail), le tebuconazole est classé CMR, catégorie « reprotoxique » suspecté (cat. 2) (risque possible pendant la grossesse d’effets néfastes pour l’enfant) et c’est aussi un perturbateur endocrinien (selon la classification Mac Kinlay).
Le traitement met aussi en danger les insectes pollinisateurs. « Quand j’ai parlé des abeilles au représentant de la coopérative agricole, il m’a répondu qu’il n’y avait pas de fleurs dans la vigne donc pas d’abeilles ! Mais les fleurs et les arbres voisines des parcelles traitées sont pollués par les pesticides. Dans les dérogations, il est stipulé qu’il faut prévenir les apiculteurs soixante-douze heures avant l’épandage, mais allez transporter deux cents ruches en deux jours. C’est impossible », rétorque Lucienne Haese.
Les pesticides en France, un problème négligé par le gouvernement

Si l’épandage aérien de produits phytosanitaires est à proscrire, il est à rattacher au problème plus général de l’usage des agents phytosanitaires en France. Le docteur Pierre-Michel Périnaud a lancé en Limousin, un appel en 2012 pour sensibiliser les consommateurs, les producteurs et les autorités sur les dangers des pesticides dans l’environnement.
Au fait de la situation, il partage sa vision de la situation en France aujourd’hui : « Les épandages aériens ne représentent pas une grande quantité de la consommation des pesticides en France et même si elle est en régression il faut noter que la consommation globale de pesticides en France augmente. Nous sommes toujours le premier pays européen consommateur de pesticides. En particulier les Antilles consomment trois fois plus de pesticides à l’hectare que la moyenne française. La consommation ne baisse pas alors qu’elle aurait dû se réduire avec les lois Grenelle. En décembre, le ministère de l’agriculture a dit que la consommation avait baissé ; en fait si on lit les statistiques sur plusieurs années, on n’observe pas de diminution. »
Pour Jean-Marc Ménard, directeur de recherche à l’INRA, la consommation de pesticides ne baissera pas pour des raisons agronomiques et économiques. L’intensification et le manque de rotations des cultures entraînent un besoin d’apports chimiques toujours plus effréné. C’est tout le modèle de production qui est à revoir.
Dans le Mâconnais, la réponse du préfet concernant l’autorisation d’épandage aérien sera connue dans les prochains jours. A suivre...

Source : Bénédicte Martin pour Reporterre
Illustrations :
. châpo : Sud-Ouest blog "Ma Planète"
. Vigne : Résistance InvenTerre
. dessin : Serge Bloch.
Lire aussi : Le trafic des pesticides interdits est en plein boom.

Changer le monde

Carré et Chlorophylle: Jardin - Potager pédagogique du Vallon à Sainte-Ad...: La commune de Sainte-Adresse a sollicité Carré et chlorophylle pour installer un jardin potager de trois carrés : Afin de sensibiliser ...

dimanche 20 avril 2014

qui sont les Colibris ?

L'éthique du colibri

Les crises écologique, économique, sociale et culturelle que nous traversons, les enjeux auxquels nous sommes confrontés sont sans précédent. La course à la croissance et aux profits illimités épuise les ressources, aliène les personnes, affame les peuples, détruit la biodiversité.
L’humanité se trouve à un carrefour. L’interdépendance du vivant étant irrévocable, nous sommes appelés, si nous voulons assurer la pérennité et l’épanouissement de l’espèce humaine sur la planète, à profondément et consciemment changer la vision que nous avons du monde et de la société.
 

1. Il est indispensable de changer de paradigme de société

Notre modèle de société conduit l’humanité vers l’abîme. Il est principalement fondé sur une croissance économique infinie, un prélèvement sans limite des ressources naturelles, une prédominance de l’argent et de la logique économique sur la nature et les êtres humains, le non respect des équilibres naturels, le patriarcat, l’éducation à l’obéissance, les structures de domination, la compétition, la violence.
Il est incontournable de changer l’orientation de nos activités et de nos structures sociales pour les mettre au service de la nature et des êtres humains.
 

2. La société c’est moi et je suis la société.
C’est mon changement qui détermine le changement du monde.

Notre organisation sociale est la traduction concrète de notre représentation du monde. Pour que nos modèles changent, nous devons individuellement voir le monde différemment et incarner au quotidien une relation harmonieuse à nous-mêmes, aux autres et à la nature.
 

3. Nous sommes tous liés et interdépendants

Nous sommes partie intégrante d’un écosystème vivant. Nous ne sommes séparés de rien. Détruire la nature ou nuire à des êtres humains, même à l’autre bout de la planète, revient à nous détruire nous-mêmes.
 
De la même façon, les enjeux écologiques, sociaux, politiques sont étroitement liés et ne peuvent être traités séparément. Notre vision doit être globale et notre action concerner tous les plans de l’être et de la société.
 

4. L’autonomie est l’un des fondements de la liberté

Si nous sommes tous liés par un destin commun, chaque personne, chaque culture, chaque territoire doit pouvoir s’exprimer et s’épanouir dans sa diversité. L’autonomie est l’une des conditions essentielles permettant à un individu, un collectif humain ou à un territoire de faire ses choix par et pour lui-même, et de préserver son intégrité et sa liberté.
 

5. L’éducation est le ferment de notre rapport à nous-mêmes, aux autres et à la nature

« Il ne peut y avoir d’écologie saine tant que nous fabriquerons des êtres avides de vengeance et de destruction. » Alice Miller
 
Le modèle éducatif actuel, fondé sur l’éducation à l’obéissance, la violence éducative ordinaire, la différence de valeur accordée à un enfant par rapport à un adulte, à une femme par rapport à un homme, et sur un système d’instruction destiné à conformer chaque enfant à un système de performance, de compétition et de domination, est l’une des sources majeures du désordre de nos sociétés.
 
L’enfance est le moment où se forment les perceptions du monde, où se construit la relation aux autres, à la société, la confiance et l’estime de soi, la capacité d’empathie…
 
L’éducation a pour vocation d’accompagner les enfants à devenir des êtres libres, épanouis et responsables, à trouver leur juste place dans la société, fidèle à leurs aspirations et à leurs talents ; à respecter la terre qui leur donne la vie, à connaître la nature dont ils sont issus, à coopérer avec leurs semblables.
 
Elle n’est pas l’apanage de l’école, ni des systèmes éducatifs, mais la responsabilité de l’ensemble de la société.
 

6. L’avenir est dans le génie de la simplicité, l’élégance de la sobriété

« Dans le futur, la plus grande performance consistera à répondre à nos besoins par les moyens les plus simples et les plus sains. » Pierre Rabhi
 
Les contraintes d’un monde limité en ressources naturelles et le devoir d’équité envers les autres êtres humains, nous offrent aujourd’hui deux opportunités extraordinaires :
 
  • exercer notre créativité dans un champ nouveau consistant à trouver la façon la plus saine et la plus simple de résoudre nos problèmes, de subvenir à nos besoins, de faire fonctionner nos sociétés.
  • nous épanouir dans un nouvel art de vivre où le bonheur d’être supplante la capacité d’avoir : « la sobriété heureuse ».

7. Small is beautiful

Dans la nature, un organisme ne croît pas indéfiniment. Il s'adapte aux contraintes extérieures pour atteindre sa taille optimale : ni trop grand, ni trop petit, capable de subvenir à ses besoins et d’assurer sa pérennité. Chercher en toute structure une taille optimale, permettant une gouvernance harmonieuse et responsable, des relations humaines directes, souplesse et légèreté dans l’action, le respect de la liberté et de l’intégrité de chacun, une empreinte écologique légère, une véritable autonomie, est non seulement un gage d’efficacité mais également d’altruisme et de sagesse.
 

8. La coopération est la condition incontournable du changement

La complexité extrême de nos sociétés et l’enchevêtrement de nos destins nous oblige, plus que jamais, à nous réunir et à coopérer pour résoudre les crises que nous traversons. Aucun être humain, aucune classe sociale, aucune culture, aucun peuple ne peut prétendre connaître, seul, les solutions, ni se désolidariser de ces enjeux planétaires. L’intelligence collective, mâtinée d’altruisme, d’humilité, de générosité, peut en revanche faire de nos diversités et de nos différences une formidable force créative et transformatrice. Nous avons besoin les uns des autres pour changer.
 

9. Le territoire est le lieu d’action privilégié pour amorcer la transformation

La commune, la ville, le village, tous les types de territoire où les êtres humains ont une prise suffisante pour participer à la transformation de la société et pour en ressentir directement les effets, sont les lieux privilégiés d’une véritable mutation, fondée sur l’autonomie.
 

10. La joie est notre bien suprême

« La finalité humaine n’est pas de produire pour consommer, de consommer pour produire ou de tourner comme le rouage d’une machine infernale jusqu’à l’usure totale. C’est pourtant à cela que nous réduit cette stupide civilisation où l’argent prime sur tout mais ne peut offrir que le plaisir. Des milliards d’euros sont impuissants à nous donner la joie, ce bien immatériel que nous recherchons tous, consciemment ou non, car il représente le bien suprême : la pleine satisfaction d’exister.
Un jour, il nous faudra bien répondre à notre véritable vocation, qui n’est pas de produire et de consommer sans fin, mais d’aimer, d’admirer et de prendre soin de la vie sous toutes ses formes »
Pierre Rabhi
 
Exemples de pratiques dans les grands domaines de la société :
  • AGRICULTURE
    Permaculture, agroécologie, agriculture biodynamique
  • HABITAT / URBANISME
    Éco-habitats, éco-quartiers, villages et villes
  • ÉDUCATION
    Méthodes Montessori, Steiner, Freinet, interdiction de toute violence éducative et particulièrement de la violence éducative ordinaire
  • ÉCONOMIE
    Économie et monnaies locales, monnaies libres, entrepreneuriat social
  • GOUVERNANCE
    Sociocratie, Holacratie, CNV, Techniques d’intelligence collective (Forum Ouvert, World Café…)
  • ÉNERGIE
    Autonomie énergétique par les énergies renouvelables, sobriété énergétique
 
Ancien paradigme Nouveau paradigme
ECONOMIE
Économie mondialisée, globalisée, hors-sol
Argent, monnaie comme une fin
Monnaies bancaires
Système fondé sur la dette et la mise en dépendance des populations
 
Économies locales reliées
Argent, monnaie comme un moyen
Monnaies libres, « le peuple bat monnaie »
Système fondé sur l’autonomie des populations et la liberté d’échanger les richesses
ORGANISATION SOCIALE
Modèles pyramidaux, "top down"
Pouvoir centralisé, concentré
Segmentation / sectorisation (séparation corps-esprit, mental - émotionnel - spirituel, hyper - spécialisation)

Modèles en réseaux, "bottom up"
Pouvoir partagé, réparti
Unité / pensée et actions holistiques (Recherche de la complémentarité, polyvalence, interdépendance…)
RELATION À LA NATURE
Nature comme un gisement
L’humain est extérieur à la nature et la domine

Nature comme une richesse
L’humain est nature et dépend d’elle
VALEURS
Individualisme
Dépendance
Monoculture / uniformisation
Compétition

Partage, générosité
Autonomie / interdépendance
Polyculture / Diversité
Coopération
ÉNERGIE
Dépendance aux énergies fossiles et aux grands groupes

Autonomies locales, régionales fondées sur les énergies renouvelables, autonomie des moyens de production et de distribution
AGRICULTURE
Agriculture industrielle, mondialisée, fondée sur le pétrole et la pétrochimie,
monoculture, OGM, semences brevetées, patrimoine génétique pauvre
De moins en moins de paysans sur des exploitations de plus en plus grandes

Agriculture paysanne, agroécologique, locale, fondée sur le savoir agronomique,
Semences anciennes, libres, patrimoine génétique riche

De plus en plus de paysans sur beaucoup de petites exploitations en polyculture
MÉDECINE
Médecine allopathique, chimique, d’urgence, basée sur une approche mécaniste de la santé.

Médecine globale (naturopathie, homéopathie, allopathie), basée sur la prévention et une approche holistique de la santé

samedi 19 avril 2014

TRANSITION CITOYENNE ET INTELLIGENCE COLLECTIVE...

Comment passer de la pénurie à l'abondance partagée sur les territoires ?

Avec les Incroyables Comestibles, c'est possible et ça marche parce que c'est simple à réaliser, la méthode repose sur le changement de regard en inversant les polarités comme passer de la pénurie à l'abondance partagée. Par ce changement de regard, on prend conscience qu'on n'est pas victimes de générations en générations, mais co-créateurs de notre réalité. On vit alors un changement de paradigme. Par exemple, pour une collectivité locale, une idée consiste à recenser les espaces incultes ou abandonnés et les voir comme autant d'espaces potentiels pour cultiver de la nourriture à partager et, par conséquent, créer de l'abondance partagée car l'abondance est le fruit du partage. Si vous vous promenez dans n'importe quelle ville de France ou du monde, vous verrez qu'il y a des espaces potentiels en quantité incroyable. Et plus la commue est pauvre, et plus elle est riche de ces potentiels, il y a des friches en quantités incroyables qui pourraient devenir autant de terrains fertiles pour l'agriculture urbaine avec des techniques naturelles simples et gratuites comme la permaculture, à la portée de tous.

C'est ce qu'ont décidé les citoyens jardiniers solidaires dans la ville de Cerdanyola, en Espagne, cartographier le territoire de la commune comme a pu le faire la ville de Leeds en Angleterre avec ses 760.000 habitants sous l'impulsion des étudiants et des enseignants de l'Université pour atteindre l'autosuffisance alimentaire dans 5 ans avec la démarche participative citoyenne Incredible Edible Todmorden, soit en 2018. Ainsi, les anciennes cités industrielles fleuries, mais pauvres, deviennent villes et villages comestibles en route vers l'autosuffisance alimentaire avec un nouvel art de vivre et un horizon durable alimenté par un tourisme écologique intelligent en recherche de résilience, mais aussi d'innovation culturelle, économique et sociale.

En résumé, 1°) on constitue un groupe de volontaires motivés, 2°) on prend la carte cadastrale de la ville ou du quartier et 3°) parcelle après parcelle, on dessine en vert les espaces susceptibles d'être valorisés par une démarche participative citoyenne d'agriculture urbaine comme les Incroyables Comestibles par exemple. Et là, surprise, vous verrez à mesure que vous progressez, qu'il y a de la ressource partout et en quantité phénoménale. En plus, il y a un nombre incroyable d'endroits sales et laids qui, par l'action végétale, deviendront propres et beaux. Et avec l'avantage qu'ils seront comestibles. Les anglais qui ont inventé la méthode qui se développe à présent en Espagne appellent cela "manger nos paysages". Avez-vous faim ? Si ça vous dit, en deux temps, trois mouvements, on le fait, c'est si simple à réaliser que même les enfants peuvent le faire.

En Espagne, s'il faut le voir pour le croire, alors regardez, ils ont décidé de le faire en catalogne, à Cerdanyola, "Cerdanyola comença a ser Increïblement Comestible", c'est ici : http://cerdanyolainforma.com/?p=543

En transformant l'espace public en jardin potager GÉANT et gratuit, la nourriture à partager devient une ressource ABONDANTE alimentée par TOUS et accessible à CHACUN.

Avec les INCROYABLES comestibles, si chacun fait un geste, on change la VILLE. Et si on s'y met TOUS, on change le MONDE !

Suivez l'actualité des Incroyables Comestibles en Espagne sur le site: http://www.incredible-edible.info/?page_id=230

Apportez votre "like" de soutien aux Incroyables de Cerdanyola: https://www.facebook.com/increiblecomestiblecerdanyola

Un Pacte Toxique de Christian PACTEAU - Médiaterre

Un Pacte Toxique de Christian PACTEAU - Médiaterre

Marre de la spéculation financière ? Banquez éthique !

Ralentissons…

Pierre Rabhi répond aux questions des lecteurs de Kaizen sur le rapport de notre société au temps.
o-RALENTIR-TEMPS-facebook Marielle : Comment ralentir lorsqu’on est emporté par le courant intense de la société occidentale et contemporaine ?
Il n’y a pas de recette miracle ; cela relève de la décision de chacun. Ce n’est pas parce que la musique est rapide qu’on est obligé d’entrer dans la danse. Chacun est libre de déterminer sa propre cadence, même si je comprends qu’on puisse se sentir pris dans la frénésie collective avec aucune possibilité de changer. Car l’ensemble de la société est frénétique ! La marge de superflu dans nos consommations et dans nos vies est énorme et c’est aussi pour répondre à cette outrance que nous consommons du temps. Chacun peut décider de revoir ses besoins, se questionner sur la manière dont il dépense son argent et son énergie, renoncer au superflu pour se concentrer sur l’essentiel. Même dans nos loisirs, on reste souvent obnubiler par le temps. On le voit dans le sport : la victoire se joue à un dixième de seconde, c’est pathologique !
On parle de “s’évader” en vacances, ce qui veut dire quitter une prison. On a donc fait de la vie une séquestration et je ne comprends pas que l’on puisse accepter cette anomalie au nom du PNB.
Ralentir sous-entend de revenir à plus de sobriété, c’est ce que j’appelle la puissance de la modération. Jardiner, pour ceux qui le peuvent, est un acte magnifique qui permet notamment de se reconnecter aux cadences justes et originelles, celles dont témoignent nos pulsations cardiaques, mais auxquelles nous ne sommes plus attentifs.
Muriel : Je suis en lien avec beaucoup d’enfants et je suis souvent interpellée par leurs angoisses liées au temps et à l’inconnu qui se présente, même à court terme. Comment être confiant dans le moment présent?
N’oublions pas que nous avons tous été des enfants et que nous avons été ensuite complètement dévoyés par l’éducation compétitive. Il faut réussir, être performant, dominer les autres, se “conformer”, etc. Les écoles ressemblent à des manufactures fabriquant des êtres adaptés au précepte du temps-argent qui conditionne nos existences. L’éducation fragmente et divise ce qui est par nature unitaire. Elle met les enfants sous la pression du dogme et les coupe de leur champ d’innovation, de créativité et d’expression personnelle. Ce faisant, elle inhibe les valeurs féminines de l’intuition, de la patience, de la douceur, de la protection de la Vie. Tout cela génère énormément d’angoisse.
Retrouver la saveur du moment présent passe semble-t-il par l’apaisement du mental. C’est une question d’attention. L’enfant que nous avons tous été sait naturellement le faire. Il peut passer très vite d’un état à l’autre, de la tristesse à la joie, mais il perd cette faculté en grandissant.
Le mental rumine le passé, projette le futur et nous empêche d’être présent à ce qui est. On peut sembler présent à une action, mais notre mental est ailleurs. C’est une déformation énorme… Notre conscience devrait nous permettre d’observer le jeu de nos pensées, de voir à quel point elles sont volubiles et provoquent de l’inquiétude, et de les apaiser progressivement.
Isabelle : L’important est-ce vraiment d’être lent ou de vivre en pleine conscience ici et maintenant, c’est à dire savoir se laisser porter (même si c’est rapide) voire s’arrêter?
L’idéal est de pouvoir agir à sa propre cadence. Nous sommes souverains dans notre espace privé où notre libre arbitre peut s’exercer librement. Dans l’espace social, nous avons une fonction et sommes obligés de composer avec les autres. C’est là que nous sommes entraînés dans la cadence générale, les trains ne pouvant adapter leurs horaires à notre convenance ! Même notre respiration est devenue si haute et si haletante qu’elle témoigne du stress et de l’angoisse omniprésents en nous.
Etre lent n’est pas un but en soi. L’important est de retrouver une maîtrise sur sa propre existence et un rythme proche de nos cadences naturelles.
La sottise de l’humanité est d’accepter cette frénésie comme une norme. Pour nous y conditionner, le système gratifie la “réussite” de ceux qui offrent leur vie pour servir ce dogme. Quand je vois la manière dont la publicité vend du rêve et joue sur des simagrées, des symboles de beauté, de liberté, d’érotisme, etc., cela me donnerait envie de porter plainte pour tentative de crétinisation de ma personne !
Jean-Paul : Est-il temps de renforcer l’Ecologie Relationnelle dans les associations du mouvement de l’Agroécologie ?
Le facteur humain est toujours le plus défaillant. C’est le maillon faible sur lequel il faut effectivement travailler et il fait partie intégrante de l’agroécologie que nous préconisons comme une alternative globale de société. Se réunir autour de convictions et valeurs communes est magnifique mais cela ne suffit pas pour que la relation soit facile. Les couples en sont parfois le témoignage.
Le changement passe d’abord par soi-même, apaiser en soi les peurs et les angoisses issues de nos conditionnements pour tisser des liens plus sains avec les autres et pouvoir jouer la même partition sans cacophonie. Cela implique d’offrir aux autres notre bienveillance et de pouvoir bénéficier de la leur. Pour cela, Marshall Rosenberg et autres ont inventé des systèmes pour réapprendre à communiquer sans violence et re-convivialiser nos groupes. Les peuples premiers savaient très bien le faire naturellement. Dans certaines tribus indiennes, quand le groupe rentrait en disharmonie et donc en autodestruction, le chef était passible d’exil ou même d’exécution. Il avait le rôle de maintenir l’harmonie véritable et non de dominer. Ces peuples savaient être au service de l’intérêt collectif ; le bien commun était au centre de leur préoccupation. Dans notre société, l’individualisme a pris le pas sur la coopération naturelle. La solidarité est devenue anonyme, un pot commun où chacun met ses sous, au détriment d’une vraie convivialité. Avec la défaillance de tous ces dispositifs structurels, le temps de la solidarité factuelle au cœur du vivre ensemble a sonné et s’ouvre sur de nouvelles perspectives d’avenir, si nous en avons une véritable volonté.
David : Que pensez-vous de la polémique à propos de la dangerosité des antennes-relais de téléphonie mobile ? Le téléphone portable, devenu indispensable pour beaucoup d’entre-nous, est-il un objet révélateur de notre nouveau rapport au temps ?
Oui, le téléphone portable est très révélateur de notre rapport au temps. Il nous permet d’être à tout moment joignable mais contribue parfois à gâcher les rares parenthèses tranquilles que l’on peut s’accorder dans cette frénésie générale.
Il nous donne l’illusion d’une sociabilité permanente mais abolit la véritable relation, la saveur de l’attente, de la patience, de l’imaginaire… Il nous connecte dans la strate pratique mais nous déconnecte des strates conviviales, sensitives et sensorielles avec lesquelles nous avons évolué depuis l’origine.
La fascination qu’exerce cet outil tout comme l’ordinateur n’est pas rassurante, car dans le même temps il confisque au cerveau des fonctions essentielles comme la mémoire. Tous ces outils devenus indispensables prennent peu à peu le pouvoir sur l’humain. Je ne préconise pas de les abolir mais d’être très attentifs à ce qu’ils induisent.
Les nuisances psychologiques et physiologiques créées par les antennes et autres technologies ont été mises en évidence. Je suis stupéfait qu’on ne le reconnaisse pas et qu’on ne change rien.
Ce qui est certain c’est que ces outils ne génèrent pas de joie de vivre. Leur croissance est allée de pair avec celle des anxiolytiques. C’est la fascination du serpent. Nous sommes illusionnés et paralysés par nos prouesses pendant que nos espaces de liberté, de libre arbitre, de bien-être, etc. se restreignent toujours plus. Ces outils qui devaient nous rendre la vie plus facile nous ont plongés dans une dépendance sans précédent. Peut-on réellement appeler ça “progrès”?
Avec ces propos, je prends le risque d’être taxé de passéiste, alors que ma préoccupation est d’un ordre différent.

Retrouvez la suite de cette entrevue dans le prochain Kaizen (n°14 ; mai – juin 2014) qui vous invitera à ralentir.