vendredi 31 octobre 2014

Le scandale de la création d'entreprise: ce qu'on ne vous dit pas

Publié le par aidentreprise
Avez-vous une idée du nombre d'entreprises crées qui passent en procédure collective? ( la procédure collective inclut liquidations, redressements - dont 97% en France finissent en liquidations- et plans de sauvegarde)

Si la vérité était exposée lors des stages de création d'entreprise, bon nombre de créateurs garderaient leur emploi de salariés ou resteraient sagement au chômage voire même au RSA.

De janvier 2014 à mars 2014:

- 17 427 créations d'entreprise en France
- 15 220 procédures collectives

cela représente environ  87.5% d'entreprises en difficultés en un trimestre par rapport à la création dans la même période.

En lisant entre les lignes des statistiques officielles des greffes de France, on constatera que la liquidation "simplifiée" bat toutes les autres formes de procédures.

Que faut-il comprendre?

La liquidation simplifiée concerne les entreprises avec un chiffre d'affaire de moins de 3000 000 €, 0 ou 1 salarié, et pas de biens immobiliers , entre d'autres mots les micro entreprises, les toutes petites TPE.

Qui sont ces créateurs de très petites TPE?

Pôle Emlpoi déclare sur son site que :

"Une entreprise sur deux est créée par un demandeur d'emploi."

Il est facile de comprendre qu'une création d'entreprise sur deux est sans doute le fruit d'un "accident" de la vie et non d'une formation et d'une préparation longuement réfléchie et murie. Bien sur , certains passent volontairement par le chômage afin de bénéficier des aides à la création, mais qui est assez fou pour se faire licencier et quitter la sécurité pour se jeter volontairement dans un secteur qui connait une crise sans précédents?

Ces créateurs n'ont donc pas de capitaux sociaux élevés, n'investissent pas dans de grands projets, et doivent compter sur leurs allocations pour se lancer dans l'aventure incertaine de la création d'entreprise. Ils n'ont AUCUNE préparation en gestion.

Cette catégorie d'individu, quelque soit le choix de sa forme juridique , n'est en réalité représentée que par des pauvres bougres qui ne devront compter que sur eux-mêmes pour tenter de" gagner leur vie". Les banques le savent bien , et donc ne prêtent que sur cautions personnelles ou ne prêtent pas du tout. C'est le début de la fin, car l'autofinancement est un mythe en cette période de crise profonde.

Il y a donc ceux qui ne possèdent rien, et qui en théorie ne risquent rien .
(C'est totalement faux.  Pour ceux qui ne possèdent rien, il faut savoir qu'avec une liquidation sur le dos, qui reste inscrite et qui se trouve facilement via internet , ils ne possèderont rien pendant encore très très longtemps: pas d'accès aux crédits quelle qu'en soit la forme, car il existe un fichage internes des banques et d'assurances, des cotations de gérant qui vous suivront à vie ou une grande partie de votre vie. Vous deviendrez moins fiable qu'un chômeur  avec allocations.)


Il y a ceux qui cautionneront avec des garanties réelles : leur bien immobilier, leurs comptes épargne par exemple. Il ne seront en rien protégés par le choix de la "responsabilité limité" de l'entreprise si l'activité ne se développe pas comme prévu (prévisionnel généralement "arrangés" par les réseaux de création d'entreprise, totalement irréels , mais destinés à faire "passer" le projet de création dans le cadre des dossiers ACCRE.

Ces joyeux lurons-patrons , pleins d'espoir, enviés par le ex-collègues pour être passés du côté des "patrons", flattés par une cohorte de sangsues qui leur expliquent que sans tel ou tel investissement ils ne seront pas crédibles dans le monde de l' entrepreneuriat deviennent en 24h les meilleurs clients d'un marché consolidé par de grosses entreprises!
[un cabinet d'expert-comptable renommé, la carte de visite haute qualité, l'imprimante laser qui "doit durer" dans le temps (souvent plus longtemps que l'entreprise), la machine à café pour les clients, le service secrétariat externe " qui fait sérieux", la panoplie marketing/pub indispensable pour trouver/fidéliser les clients, les offres télécoms qui coutent un bras parce que réservées aux "pros" (quand il suffit de pratiquer le remboursement de frais) , les leasing/crédit bail auto afin d'offrir une image impeccable de l'entreprise, le site internet "qui a lui tout seul garantit le succès", la page professionnelle facebook qui ne sert à rien, et ces fameux logiciels de gestion, hyper couteux , qui sont sensés gérer à votre place mais que vous n'aurez jamais le temps d'exploiter pleinement,  etc...]


Comment s'explique un tel échec? et surtout quelles sont les  véritables conséquences de ces échecs?



"ON" (j'expliquerai ce choix volontaire de "on" plus en avant)  leur avait dit que le "RSI coute moins cher que l'URSSAF" , 47% de cotisations contre 54%: c'est tout ce qu'ils ont retenu!  Les néo patrons-ex salariés ne connaissent que la CPAM et un beau jour on leur parle ( après la création bien souvent) du RSI. Le" mot" RSI est passé à la trappe et ils ne s’intéresseront à son fonctionnement que lors de conflits.

"ON" ne leur a pas dit qu'en cas de non-rémunération (ah la jolie surprise: les prévisionnels qu'"on" nous a fait pour nous "aider"  mentent!!!), il fallait quand même payer ses cotisations..tôt ou tard (lire "le coup du lapin du RSI")

"ON" ne leur pas dit qu'en cas de faillite du projet, le RSI ne fait pas partie de la "responsabilité limité qui n'engage que le capital de départ" , le fameux 1€ qui permet aujourd'hui de créer une entreprise sur le net en un clic de souris, ce qui aurait été le cas avec les URSSAF. Alors oui le RSI ne prend "que" 47%, mais ce sont vos 47% même  en cas de faillite et les canailles sont autorisées par l'état à faire des saisies "préventives" ( en d'autres mots dans votre dos, sans vous avertir) sur vos comptes bancaires même si alimentés par le RSA (quitte à vous le rendre plus tard après que vous ayez engagé les justes procédures), enlever votre véhicule , nantir vos parts de SCI, ou inscrire une hypothèque sur vos biens immobiliers....

"ON" ne vous expliquera pas durant ces stages (payants) comment récupérer judiciairement vos crédits clients  vous-même avec seulement 39 euros de frais (on vous vendra un service à la place).

"ON" ne vous  expliquera pas comment saisir la justice pour dénoncer un expert-comptable incompétent, un avocat laxiste, une banque lâcheuse et des clients plus fourbes et rodés que vous ( certains sont des pro des associations de consommateurs et savent comment ne pas vous payer) .

"ON" ne vous expliquera pas les joies des prud'hommes, à vous , si fiers d'embaucher vos premiers salariés, qui bénéficieront d'une aide gratuite contre vous, dans la mouise et  qui aurez du mal à payer votre avocat.

"ON" ne vous expliquera pas , que même en cas de difficultés extrêmes, une personne morale ne peut bénéficier d'une aide juridique gratuite contrairement à une personne physique ( on vous aura vendu au mieux l'adhésion à une corporation, un patronat, etc), il vous sera donc impossible d'attaquer ce "ON" avant de cesser d'être une personne morale.

Ce qu'il restera de vous , quand vous serez redevenue une personne physique, après une liquidation souvent désastreuse, sans revenus, sans crédibilité professionnelle, financière et  même juridique,  ne sera plus en mesure psychologiquement de lutter contre qui que ce soit.

Les "ON" continueront tranquillement de sévir, comme ils le font depuis des années avec cette phrase que j'entends régulièrement dans les tribunaux, partant du principe que la "loi n'admet pas l'ignorance":

"Cesser de vous plaindre et de rejeter la faute sur les autres, personne ne vous a contraint à devenir chef d'entreprise, vous êtes le seul responsable de votre échec; si vous n'étiez pas capable , il ne fallait pas se lancer dans entrepreneuriat".

Voilà le couperet tombe. Vous êtes coupable. En tant que chef d'entreprise vous ne pourrez plus faire valoir vos droits, vos arguments. Il est trop tard, "vous avez gâché cette chance inouïe qu' "ON" vous avait offerte.

Vous croyez que c'est la fin de vos déboires?

C'est à partir de ce moment là que la spirale infernale se met en route. La procédure collective n'est pas une fin en soi , mais le début de votre cauchemar, où il faudra apprendre et comprendre par absurde , tout ce qui aurait pu vous sauver auparavant.
Vous ferez votre véritable formation d'entrepreneur quand il sera trop tard.

"ON" ( d'un autre genre cette fois, que j’appellerai version 2) vous demandera des comptes.

- des comptes comptables , tout d'abord, que vous ne pourrez fournir au Tribunal de Commerce  faute d'avoir réglé la dernière facture de votre expert-comptable ( si gentil lorsqu'il vous a été conseillé par la Chambre de Commerce ou Métiers). Et là zut, vous regrettez d'avoir payé sur mission et non facture après facture détaillée, car en effet, le dernier bilan, celui dont vous avez besoin , il vous le devait. Sauf qu'il le prend en otage afin de percevoir son solde pour l'année en cours, qui n'aboutira jamais à un bilan. A savoir que le Tribunal ne peut obliger votre expert à fournir ces comptes et manque bol, un autre expert, par déontologie ne peut vous prendre sans que vous ayez réglé la totalité des honoraires de son confrère..........vous ne l'aviez pas vu venir celle-là. Vous serez donc coupable. Naturellement, étant donné que votre expert-comptable était votre conseiller précieux , se substituant à vous dans votre gestion à laquelle vous ne compreniez rien ou presque, vous n'avez pas osé le mettre en demeure de vous rendre vos écritures, vos dossiers, quand il était encore temps....vous n'avez pas osé mettre fin à votre collaboration dès le début vos difficultés financières.......mais "ON" ne vous avait rien dit à ce sujet ( et il y a beaucoup à dire pour ne jamais se retrouver dans cette situation et à moindre coût)


- des décomptes précis entre ce que vous devez et ce que l'on vous doit: vous découvrirez à cet instant précis que vous n'en savez rien et vous vous sentirez coupables; "ON" se servira ce cette culpabilité contre vous et vous vous sentirez "minables". Minables et incapables. Laxistes ( un mot que vous entendrez souvent après votre échec).
Vous oublierez vos nuits courtes à vous demander comment faire rentrer de l'argent , payer vos cotisations bien plus élevées que prévues et vos fournisseurs dont avez cru avoir besoin . Vous oublierez vos 72 heures en moyenne de travail par semaine pour un salaire que vous n'aurez pas et des aides que vous n'avez plus. Vos recherches des heures durant pour trouver les réponses aux questions que vous auriez du vous poser "avant" .Mais avant quoi? Avant "quand" .Avant que vous n'aviez même pas la moindre idée de la réalité de l’entrepreneuriat?

"ON , version 1" ne vous avait RIEN dit avant que "ON, version 2 " vous  dise TOUT quand il est trop tard : " Vous auriez du  faire, dire, écouter..."

Aujourd'hui, parias de la société, ratés de la vie, coupable pour tous, VOUS SAVEZ. Vous étiez innocents, mais comme toute victime de viol, vous aviez peur, encore une fois, que l'on se demande si vous n'avez pas provoqué votre agresseur.

Vous avez subi l'abandon de votre conjoint, le mépris de votre famille et de vos amis , l'arrogance  ou indifférence de petits fonctionnaires bien au chaud et à l'abri derrière leurs numéros de téléphone à 4 chiffres. Vous avez frappé à toutes les portes que vous connaissiez lorsque vous étiez encore respectable, mais bizarrement , personne "ne peut rien pour vous ", ce n'est pas de leur ressort.

Les forces vous ont abandonné; la honte, le désespoir, les envie suicides,  non pas d'avoir perdu des biens matériels, mais de ne pas être  écoutés, et si vous l'êtes , de visiblement ne pas être crus, vous étouffent. Ceux qui semblent faire preuve d'empathie font en fait preuve de pitié méprisante.

Vous êtes SEULS. Et là je vous le confirme. Ce n'est pas un sentiment , c'est un fait . "ON" ne vous l'a pas (pré)dit

Mais si vous êtes SEULS et si vous le restez, c'est maintenant de votre faute. Votre réelle culpabilité n'est pas d'avoir cru et subi les "ON", c'est de ne rien faire pour les dénoncer. C'est de préférer mourir en silence que d'accepter votre état de victime  et d'en parler dans une groupe de "ON", celui qui s'opposera à ces "ON" qui d’abord sont les coupables de défaut de conseil et de ces "ON" qui vous jugent ensuite , sans avoir la moindre idée du gouffre sans issue dans lequel ils vous jettent, avec la conscience tranquille de ceux qui appliquent les lois.

Il ne faut pas seulement chercher des associations d'aide aux victimes, il faut, malgré la douleur et le désespoir , en être la lymphe.

Votre désir de "réhabilitation" comme m'en parle une de ces victimes, ne peut se réaliser que lorsque VOUS définirez vous-même, d'abord en votre fort intérieur et ensuite à voix haute et claire, à l'unisson, avec tous ceux ,et ils sont si nombreux, qui savent qui sont ces "on".

Je vous avais promis de vous expliquer ce choix de "ON". En fait , c'est l inverse: à vous d'énoncer , un par un , qui sont ces "ON" qui vous ont mené en enfer.

Je ne peux pas empêcher tous les suicides d'entrepreneurs ( statistiques cachées dans celles des RMIstes et chômeurs, étant donné qu'il n'y pas  de statistiques "ex-entrepreneurs"),

mais si vous décidez de mettre fin à vos jours, vous , les deux patrons par jour qui vous vous suicidez (voir lien)


revendiquez

au moins  votre droit au suicide assisté  comme 

un droit à l'euthanasie pour causes de souffrances inhumaines, votre droit de mourir dans la dignité, car peu le savent (personne en fait sauf ceux qui le vivent et se taisent) mais "l' entrepreneur liquidé" est bien "sans issue et fait état d'une souffrance physique ou psychique constante et insupportable qui ne peut être apaisée", parce quelle est la situation de ceux qui perdent leur entreprise involontairement, selon la définition ( laissons le chapitre des experts récidivistes de la liquidation comme moyen de s'enrichir,  en dehors de cette description, mêmes si j'invite vivement à prendre connaissance, et apprendre,  de la réalité turque du bâtiment jusqu'à quelques années, pour en citer un et que je ne condamne même pas étant donné la réalité des liquidations non orchestrées)

Sinon rejoignez ceux qui se sont donnés pour mission de révéler les coulisses de la création d'entreprise :  une mort lente et inéluctable , d'abord sociale et ensuite physique, provoquée par un aveuglement volontaire et coupable d'un gouvernement laxiste considérant les ex-entrepreneurs comme "des citoyens de seconde zone" pour reprendre une expression d'une victime qui se reconnaitra sans doute.

Je n'incite pas à vous ruer dans la rue en criant. On ne vous écoutera pas  et au mieux les plus compatissants penseront de vous que vous l'avez"quand même un peu cherché au fond" en voulant "devenir aussi gros qu'un bœuf alors que vous étiez tout petit"....

Plutôt que de mourir "pour rien" , je vous invite à mener une action en justice, en toute légalité,  , seuls ou en action collective, en dénonçant  l'absence d'accès  gratuit d' une aide juridictionnelle , sous certaines conditions, pour les personnes morales et les effets démesurés d'une peine  par rapport au délit commis et demander , outre que le droit à l’assistance juridique, une réhabilitation sociale , économique et professionnelle.

LE SCANDALE DE LA CRÉATION D'ENTREPRISE C'EST DE VOUS DONNER UN PERMIS DE CONDUIRE AU COUT BRADE ET ATTRACTIF DE 1 EURO SANS VÉRIFIER  QUE VOUS SACHIEZ CONDUIRE ET SANS VOUS OBLIGER A PRENDRE UNE ASSURANCE OBLIGATOIRE.

Ce que vous ne savez peut-être pas , c'est que les professions libérales ont l'obligation de cotiser pour une assurance qui LES PRENDRA EN CHARGE MÊME S' ILS ONT TORT.

Si "ON" vous obligeait à souscrire en phase de création une telle assurance, si "ON" vous obligeait avant de vous installer à suivre des années d'études en gestion de l'entreprise, "ON" ne pourrait pas profiter de 95% d'entreprises à traire.

Le drame , c'est qu'à VOUS, SANS PRÉPARATION AUCUNE à la gestion d'entreprise, s'appliquent les mêmes lois et les mêmes sanctions qu'un patron issu de HEC, Haute École de Commerce pour ceux qui ignorent ce terme ( et oui, on en est là, j'aide souvent des entrepreneurs incapables de comprendre les courriers qu'on leur envoie). Lui , par contre, saura anticiper et même retourner la situation en sa faveur, peut-être en l'escroc que vous ne le serez jamais.

Je pense à Monsieur Thomas Fabius par exemple qui a utilisé un plaider-coupable [La comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), dite "plaider-coupable", a pour objet d'éviter un procès à condition que l'intéressé reconnaisse sa culpabilité et accepte la ou les peines proposées.] pour se sortir d'une affaire d'abus de confiance avec seulement 15 000 euros. ( c'est quoi ça? beaucoup auraient aimé le savoir en temps et en heure avant d'être condamnés à des peines de plusieurs milliers voire millions d'euros).
(voir lien)

En attendant ,que de moutons vous deveniez lions, et pour les urgences, nous continuons de  répondre présents.

aidentreprise@laposte.net

mercredi 15 octobre 2014



CE QUE JE PENSE...
Très très bon, ELOGE DE L’OISIVETÉ Dominique RONGVAUX, Voilà un spectacle qui exprime mes pensées Très bon spectacle très très bon, le jour ou les politiques aurons compris… Le ministre de l’économie le jeune Emmanuel Macron nous exprime exactement le contraire de tous ce qui est dit dans ce spectacle… et mon Cœur pleure…
Réflexion autour de la valeur du travail, « Éloge de l'oisiveté » est aussi une flânerie joyeuse à la découverte des routes parallèles empruntées par ceux qu...

vendredi 10 octobre 2014

Le plus grand des présidents de notre époque? Je pense que oui
Discours de José Mujica, président de la République uruguayenne, lors de la Conférence des Nations unies sur le développement durable à Rio, en juin 2012.
youtube.com

lundi 6 octobre 2014


Accueil > Société > « Ayez de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace »

« Ayez de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace »

Entretien avec Edgar Morin
lundi 6 octobre 2014
 
Edgar Morin observe avec attention et pertinence l’évolution du monde. S’interrogeant avec Reporterre sur les chances du politique, il appelle les partis à s’irriguer de l’énergie et des idées du mouvement associatif. Et voit dans l’écologie, non pas une réponse à tout, mais une chance de refaire l’économie et de renouer une relation humaine avec la nature et dans la civilisation.

Pour réfléchir avant La Rencontre de Reporterre, lundi 6 octobre : L’écologie au cœur de la reconstruction politique

Reporterre - Edgar Morin, croyez vous encore à la politique ?
Edgar Morin - Cela dépend de ce que vous entendez par là. Je crois en la nécessité d’une pensée politique pour une action politique. Ce que je vois, c’est que le vide de toute pensée politique dans les représentants de tous les partis de pouvoir ou d’opposition, un vide rempli par le fait d’être à la remorque d’un économisme, qui n’est même pas l’économie stricto sensu, mais une doctrine de l’économie néo-libérale, avec des mots gri-gri, comme croissance, résorber la dette, compétitivité, etc.
Donc, je vois une situation très dommageable, très grave, très menaçante, mais je pense à la nécessité d’une reconstruction d’une pensée politique, qui est un préalable.
Vous allez réunir des gens qui représentent des partis politiques, la gauche, Nouvelle Donne, tout ça, mais il y a aussi une fermentation de pensée politique dans des associations et dans des groupes qui n’ont pas officiellement d’étiquette politique, mais qui portent à mon avis les germes d’un renouveau politique.
Vous avez eu un entretien avec Alain Caillé, qui promeut le convivialisme. Ce mouvement du convivialisme est très important à intégrer dans la pensée politique. Le thème de la convivialité a été introduit dès 1970, par Ivan Illich, en même temps que le message écologique.
Mais alors que le message écologique a fini par prendre – pas aussi puissamment qu’il devrait l’être -, parce qu’il y avait des choses visibles, Tchernobyl, Fukushima, les pluies acides, le réchauffement, la pollution, tout ça est sensible, tous les maux de l’absence de convivialité, d’une civilisation où sont détruites les solidarités, tous ces vices ont été attribués à des facteurs privés.
Ceux qui ne sentent pas bien, qui ont des insomnies, qui ont des maux de tête, qui ont des difficultés digestives, vont consulter le docteur, le psychanalyste, le gourou, ils croient qu’ils ont affaire à des choses personnelles, ce qui est vrai, mais en même temps, ils souffrent d’un mal de civilisation, et ce mal de civilisation n’est pas diagnostiqué. Regardez toutes les souffrances, les myriades de petites souffrances invisibles, causées par la bureaucratisation, aussi bien de nos administrations publiques que de nos grandes entreprises. Les gens téléphonent, ils entendent des petites musiques, on les fait lanterner, le téléphone se coupe, ils vont dans des bureaux, on les renvoie à un autre guichet - on a affaire à un monde de compartimentation, où personne n’aide l’autre, c’est un des exemples de ce mal de civilisation.
Alors, il faut rassembler. Mais chacune de ces associations finit par avoir son autonomie, son petit chef, et dans le fond, ils sont très contents, l’idée d’un rassemblement leur fait peur. C’est comme les nations souveraines qui ont peur de se rassembler.
J’ai cité ce mouvement convivialiste, il y a aussi le mouvement de l’économie sociale et solidaire, il y a le mouvement écologique qui est symbolisé par Pierre Rabhi et aussi Philippe Desbrosses, ils ne sont pas seulement agro-écologistes, ils ont une pensée qui déborde ce champ-là, et au-delà de leur propre pensée, la vision du problème écologiste dans le domaine agricole, il y a quelque chose de vital, parce que nous sommes dominés par une agriculture industrialisée, un élevage industrialisé qui est la pire des choses. C’est cela qu’il faut faire régresser.

Mais il faut une volonté capable de surmonter le poids énorme des lobbies économiques, parce que la politique est asphyxiée par les lobbies financiers, par les gens qui ont de l’argent. Le gouvernement actuel comme l’ancien sont entièrement noyautés par les puissances d’argent.
Alors voilà une pensée politique saine : refaire progresser l’agro-écologie, le retour à une agriculture fermière. Il y a aussi l’économie circulaire, où il y a des idées intéressantes. Il y a ce mouvement qui lie développement personnel au développement social, parce que le grand problème aujourd’hui est qu’on ne peut avancer que si on se réforme soi-même et qu’on réforme la société. Réformer soi-même ne veut pas seulement dire être vertueux ou ne pas se mettre en colère pour rien, mais ça veut dire être capable de discernement dans la consommation, éviter les vraies intoxications qui sont les intoxications consommationnistes et automobilistiques, stimulées par la publicité.
Aujourd’hui, vous avez un peu partout des mouvements qui se dessinent pour la sauvegarde des territoires. Cela va dans le sens de ce que je disais dans mon livre La Voie, plus on mondialise, plus il faut démondialiser. C’est-à-dire sauver des territoires désertifiés et par la désindustrialisation et par l’agriculture ou l’élevage industriels, leur redonner une nouvelle vie paysanne, une nouvelle vie citoyenne, il faut ressusciter les petites patries, locales, régionales, nationales, il y a la méta-patrie européenne, il y a la Terre Patrie, il faut redonner vie à toutes ces terres qui meurent. Et aussi dans le nord de la France, où sévit la désindustrialisation. Il ne faut pas croire que c’est le retour à l’industrialisation qui va sauver les choses, il faut au contraire aller vers une reruralisation, vers un re-artisanat.
Donc, il y a aujourd’hui la nécessité d’une pensée politique qui rassemble en faisceau les idées de ces mouvement épars et qui ne se rassemblent pas. Pourquoi ne pas faire une fédération du renouveau ? Il ne faut pas chercher un modèle de société, ce qui est grotesque dans un monde toujours en mouvement, mais une voie qui nous évite les catastrophes.
Puisque ces mouvements qui n’arrivent pas à se réunir, les partis politiques pourraient-ils porter le message de cette voie que vous dessinez ?
C’est ce qu’ils devraient faire. Mais ce n’est que si les mouvements dans la société civile sont assez forts pour porter ces aspirations et ces idées que les politiques pourraient s’en saisir. Mais cela supposerait aussi la mort et la résurrection sous une autre forme de ce qu’on appelle les partis de gauche. Les sources de la gauche, c’est l’idée socialiste qui veut dire d’améliorer la société, l’idée communiste qui veut dire de créer une communauté, c’est l’idée libertaire qui veut dire de s’occuper des individus, à quoi s’ajoute aujourd’hui l’idée écologiste qui dit qu’il faut trouver un autre rapport à la nature. Mais ces idées ne doivent plus s’opposer, comme les sociaux-démocrates qui s’opposaient aux libertaires, et les uns et les autres. C’est des idées fécondes qui doivent être conjointes.
Nous ne sommes même pas à la préhistoire de ceci, même pas au commencement, il y a des balbutiements, mais il faut essayer.
C’est inquiétant si on n’est même pas à la préhistoire alors que la crise écologique s’aggrave rapidement et qu’il y a une aggravation générale de la situation politique et économique ! Est-ce qu’on peut attendre qu’il y ait cette unification des idées ?
Je crois qu’une résurrection est possible. Mais cela nécessite un diagnostic. Le socialisme a été fort tant qu’il avait un diagnostic fort, posé tant par Marx que par Proudhon, et qui garde en partie sa pertinence. Mais il faut aujourd’hui une pensée plus complexe de l’humain, et aussi une pensée de la mondialisation, pas seulement sous l’angle du processus socio-économique, qui à la fois unifie et disloque le globe - il est très intéressant de voir que c’est en 1990, au moment où l’unification du marché mondial et économique s’est fait que la Yougoslavie s’est disloquée, puis ensuite la Tchécoslovaquie, et aujourd’hui nous voyons le Moyen-Orient se disloquer complètement.
Le même processus formidable de la compétitivité, engagé dans ces années fatales 1990-1995, est aussi une machine désastreuse pour les travailleurs, qui subissent des burn-out, des suicides, des maladies, des perturbations. Tout ce processus énorme, nos politiques n’en ont pas conscience, ils vivent en-dehors de la vie quotidienne des gens.
Il faut prendre conscience de toutes ces souffrances qui n’ont pas de sens réel, efficace. Avant, dans la perspective du communisme, on se sacrifiait pour un avenir meilleur. Mais là, on se sacrifie uniquement pour augmenter les bénéfices du capital, et pour accroitre la condition de servilité du travail. On n’est pas conscient de ces questions, pas seulement au niveau politique, mais aussi au niveau de l’opinion, parce que les gens vivent cela sur le plan de la vie privée, les gens qui souffrent ne replacent pas ce qui leur arrive dans l’ensemble. D’où un fatalisme dans l’opinion, une résignation qui fait considérer comme tout à fait normal le scandale de l’affaire Bettencourt ou que Khadafi ait subventionné la campagne de Sarkozy. Alors, on arrive à un point d’apathie, mais au sein de laquelle peut surgir des accès de fureur aveugle.
C’est à partir d’une pensée que l’action vient. Pour parler du socialisme, il a fallu plus d’un demi-siècle d’incubation pour arriver à la création du parti social-démocrate allemand. Peut-être pourra-t-on voir des prises de conscience accélérées avec l’accumulation des catastrophes.

Mais en France, le mécontentement aveugle se cristallise en faveur du Front national. Il y a ce handicap que le peuple de gauche a dépéri, avec la disparition des instituteurs de campagne, avec la bureaucratisation des professeurs du secondaire, avec tous ces gens qui insufflaient l’idéologie de la Révolution française enrichie par les apports socialiste et communiste à tout un peuple paysan, ouvrier, intellectuel, de classes moyennes - tout ce peuple est en train de disparaître. Par contre, le peuple de droite, qui a toujours existé, est loin de disparaître. Aujourd’hui, la manifestation du mariage pour tous est un triomphe.
Comment peut-on combattre ce fatalisme ?
Il faut que cette voie d’une politique possible soit énoncée et proposée. Différents économistes ont énoncée une vérité évidente qui n’a pas gagné les sphères gouvernementales : l’austérité et les restrictions, comme par exemple la diminution des allocations familiales, vont diminuer la consommation et aggraver la crise. On arrive au même problème que dans les années 1930, où la crise a été aggravée par les mesures qui ont été prises à l’époque.
Ce monde vit dans un somnanbulisme aveugle. Des économistes comme Joseph Stiglitz ou Michel Santi disent ce qu’il faut faire, mais ils sont isolés, les médias ne diffusent que parcimonieusement ces idées. Il faut créer un courant, remonter la pente, parce que les espérances qui étaient encore fortes au siècle dernier, en dépit des désastres de la Deuxième guerre mondiale, dans un monde meilleur – la société industrielle chantée par Raymond Aron, les lendemains qui chantent par l’autre côté, aussi bien l’ouest que l’est annonçaient un avenir, les uns merveilleux, les autres le meilleur possible. Aujourd’hui, ça, c’est effondré, le futur c’est l’incertitude, et il faut accepter de vivre dans l’incertitude. On n’a aucune recette magique pour passer de l’apathie à l’espoir.
Que diriez-vous aux personnes qui se sentent fatalistes, dans l’apathie ?
Je leur dirais : une autre politique est possible. Une relance de l’économie est possible, en relançant une économie écologisée, pas seulement par le renouvellement des sources d’énergie, mais aussi par la dépollution généralisée des villes par des parkings autour des villes et la limitation de la circulation automobile, par une évolution de l’agriculture pour qu’on ait une nourriture saine, je leur dirais, il y a une autre voie possible.
On nous accable du poids de cette dette énorme, mais il ne faut commencer à payer la dette que quand l’économie est prospère. Et en voyant ce qui est valable et ce qui ne l’est pas. En Equateur, le gouvernement du président Correa faisait face à une dette où il fallait payer 170 fois le prix de ce qui avait été prêté. Ils ont dit non, et n’ont payé que ce qui était payable. Et nous, on nous donne cette dette comme une sorte de fatalité de la nature.
Nos malheureux dirigeants socialistes ont été convertis par l’argument capitaliste ; en campagne, ils disaient que l’ennemi principal c’est la finance, aujourd’hui, l’allié principal c’est la finance. Dans la mesure où ils sont intoxiqués par ces idées, la situation est très grave.
Comment convaincre ces gens ? Que faire quand on est dans une époque de somnanbulisme ? J’ai vu ça quand j’étais jeune, puisque j’ai vécu les années trente, années de total somnanbulisme, où on n’a pas compris ce qui se passait, avec la prise de pouvoir d’Hitler, avec la guerre d’Espagne, avec Munich. Aujourd’hui, on nous divertit en pensant qu’on va faire quelque chose contre le califat, en faisant des frappes aériennes, mais c’est dérisoire, on n’a aucune politique, on dit qu’on va reconstruire l’Irak alors que l’Irak est complètement désintégré. Là aussi, on a affaire à un manque de lucidité, à un somnanbulisme profond. Comment secouer tout ça ? Je fais ce que je peux, en écrivant des articles, en répondant à ce qu’on me demande. Il faut continuer à prêcher. Le christianisme a mis quatre siècles avant de s’imposer dans l’Empire romain.

Espérons qu’il ne faudra pas attendre quatre siècles ! Quel pourrait être le rôle des partis politiques, si l’on admet que le pire est évitable ?
Il serait évitable. Si l’on prend le pire de ce qui se passe au Moyen Orient, le pire est évitable par une autre politique, si l’on parle de l’Ukraine, le pire est évitable, il faut trouver des compromis. Mais si l’on parle du cours de la mondialisation, le pire n’est évitable que si l’on commence à penser qu’il faut changer de voie. Parce que nous sommes emportés par un développement incontrôlé des science, des techniques, de l’économie, de la finance, du fanatisme – tant qu’on n’a pas conscience de ça et qu’on n’essaye pas de lutter contre ça…
Les partis politiques en ont-ils conscience, par exemple ceux qui vont se retrouver à la Rencontre de Reporterre ?
Oui, mais ils sont minoritaires, et ils ont une conscience d’une partie seulement des problèmes. Par exemple, la gauche mélenchonienne est très juste dans ce qu’elle dénonce, mais ce qu’elle énonce ne va pas assez loin. Ces gens-là devraient puiser dans ce que peuvent leur donner les associations. Dans le passé, la politique de Pierre Mendès-France a été fécondée par un club, le Club Jean Moulin, qui apportait des idées. Aujourd’hui, des associations apportent des idées. Mais les politiques n’y sont pas sensibles.
Vous voulez dire que ces partis politiques se sont coupés du mouvement citoyen et que s’ils veulent retrouver un rôle, il faut qu’ils s’irriguent, qu’ils s’hybrident avec ce mouvement citoyen ?
Certainement. Mais ils tiennent en main chacun une partie de la vérité. Je fais partie du Collectif Roosevelt, mais pas du parti Nouvelle Donne, qui dit des choses très justes sur la relance économique. Malheureusement, les représentants de l’écologie sur le plan parlementaire et politique ont fait de l’écologie à la petite semaine, mais pas une politique écologique de fond, ils ne sont pas inspirés par une pensée politique de fond. Regardez cette polémique sur la décroissance, c’est un problème de pensée binaire, on oppose la décroissance à la croissance, alors que le vrai problème est de savoir ce qui doit croitre et ce qui doit décroitre. L’économie écologique doit croître, l’agro-écologie doit croître, mais ce qui doit décroitre, c’est l’industrie du jetable, du futile, toute l’économie de l’obsolescence programmée avec les produits faits pour être détraqués, pour être remplacés, ou les produits nocifs à base de sucre qui devraient être interdits.
Mais la puissance de ces industries est énorme, alors que la faiblesse de l’opposition est immense.
Quelle pourrait être le rôle de l’écologie dans la reconstruction politique ?
Elle joue un rôle économique clé, parce que la grande relance, c’est l’économie écologisée, mais elle doit aussi être intégrée dans une pensée de nos relations humaines avec la nature, qui doit dicter un certain nombre de comportements dans notre civilisation. Autrement dit, toute politique doit être écologisée, mais on ne peut réduire la politique à l’écologie, parce que les problèmes de la justice, du droit, ne relèvent pas de l’écologie. L’écologie doit faire partie d’un ensemble. Elle peut jouer un rôle vital dans la réponse économique à la crise, mais pas seulement économique, aussi dans une réponse de type humain, anthropologique, afin de nous rendre compte de nos responsabilités humaines, parce que celles que nous avons à l’égard du monde naturel sont les mêmes que celles que nous avons à l’égard de nous-mêmes.
Et si vous pouviez venir à la Rencontre de Reporterre du 6 octobre, que diriez-vous aux intervenants, qui croient encore à la politique ?
Puisez dans l’apport de ces associations multiples qui sont des lieux de bouillons de culture de nouvelle politique.
Essayez d’avoir une conception pertinente du monde actuel et de la situation mondiale, pour baser votre politique.
Et ayez de audace, encore de l’audace, toujours de l’audace.

Source et photos : Hervé Kempf pour Reporterre
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L’écologie au coeur de la reconstruction politique : le dossier

jeudi 2 octobre 2014

Julie
Depuis, plusieurs mois, maintenant, je peste, je râle mais je ne fais rien pour que cela change en France. A l'image de ce dormeur du Val, le sang s'écoule de mon côté droit. Le 12 avril 2014, je suis tombée comme le héros d'Arthur. La pression de l'Etat, de la crise économique, de la malveillance ont eu raison de mon corps et d'un de nos restaurants. Toutes les semaines, depuis huit ans, mon concubin et moi, nous avons travaillé sept jours sur sept. Nous avons respecté la tradition de la gastronomie française en ne travaillant que le produit frais mais surtout nous avons faits vivre une passion, notre passion de la convivialité et de la bonne cuisine. Pourquoi au juste? Pour rien. Pas de salaires, pas de sécurité sociale, pas de vacances, rien, pas de vie du tout. Et puis le reste, le harcèlement des huissiers, de l'Ursaff, du RSI et des banques. Nous avons connu et nous connaissons encore aujourd'hui toutes ces pressions injustifiées, nous qui prenons le risque de faire vivre une entreprises, des hommes et des femmes. Alors quand je suis tombée d'épuisement, j'ai écrit ce que nous avons traversé et surtout raconté la triste de réalité que tous les patrons rencontrent au quotidien. Pas de blabla, pas de flonflon, pas de plaintes "victimatoires", juste une réalité de faits pour rappeler à nos politiciens qu'il soit de droite ou de gauche qu'il est temps d'agir et de se reconnecté à la réalité France.
Tel l'ange de la colère du graveur Gustave Doré, je livre ici un de mes derniers combats, la lutte contre le despotisme de nos énarques